Les modèles mentaux
Qu'est-ce que c'est ?
Johnson-Laird (2000) définit les "modèles mentaux" comme des "représentations mentales", mais avec une acception plus étroite lorsque l'on s'en sert dans le cadre d'une théorie de la pensée et du raisonnement. Il attribue l'origine de l'idée à K. Craik selon qui le cerveau ("mind" et non pas "brain") construit des "modèles réduits" de la réalité et s'en sert pour anticiper les événements.
Types de modèles mentaux
Johnson-Laird (1983) distingue les modèles mentaux physiques des modèles mentaux conceptuels.
- Les modèles mentaux conceptuels sont des modèles qui incluent des informations abstraites. Je n'ai pas trouvé beaucoup de travaux expérimentaux qui permettent de mieux les définir.
- Les modèles mentaux physiques peuvent être classés ainsi :
- Modèles relationnels simples. Ils incluent des éléments concrets (1 et 2) et les relations (3) qui unissent ces éléments.
"La princesse" (1) - "est sur" (3) - "son cheval" (2). - Modèles spatiaux. Ce sont des modèles relationnels qui ne comprennent que des relations spatiales. Ces modèles correspondent globalement aux cartes cognitives spatiales de Tolman.
La maison est à droite de la mairie. Elle-même est à l'ouest du pont. - Modèles temporels. Ce sont des modèles généralement spatiaux, mais qui évoluent dans le temps, en plusieurs étapes distinctes. Précisons que si le modèle est représenté en plusieurs étapes distinctes, l'objet représenté (la réalité) peut se dérouler en continu. Le modèle ressemble à une BD.
Exemple : la dérive des continents telle qu'on se la représente le plus souvent (en plusieurs étapes distinctes). - Modèles cinématiques. Ce sont des modèles temporels continus. L'objet représenté se déplace ou évolue dans la représentation. Le modèle ressemble à un film et non plus à une BD.
Exemple 1 : Imaginez un D majuscule et un J majuscule. Faites pivoter mentalement le D d'un quart de tour dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Posez le D ainsi modifié sur le J. A quoi ressemble le résultat ?
Exemple 2 : Version "modèle cinématique" de la dérive des continents.
- Modèles dynamiques. Ce sont des modèles temporels ou cinématiques qui incluent des relations de causalité. Ils incluent donc des aspects conditionnels.
Exemple : la représentation que l'on a du tour du monde à la voile que l'on est en train de planifier. On connait des escales possibles (éléments fixes) mais l'avenir dépendra de la météo, d'événements imprévus (éléments conditionnels, relations de causalité).
Propriétés des modèles mentaux
- Lors de la construction de modèles mentaux à l'aides d'informations présentes dans le champ perceptif, ces informations sont intégrées au modèle selon un mode incrémentiel. Elles sont introduites les unes après les autres et s'intègrent successivement dans le modèle.
- Le modèle mental se forme à partir d'informations présentes dans le champs perceptif et/ou en mémoire à long terme.
- Le modèle mental est construit 1) en situation, 2) pour répondre à un objectif précis. Sa structure dépend de ces objectifs.
- A ce titre il est "instancié" en mémoire de travail. Ce point exprime une des seules différences avec les "cartes cognitives" de Tolman, qui sous-entendait qu'elles étaient stockées en mémoire à long terme. Selon Johnson-Laird, des "propositions" (des informations) seraient stockées en mémoire à long terme et seraient ensuite utilisées pour la construction des modèles mentaux en mémoire de travail.
- Les connaissances en mémoire à long terme constituent un contexte interprétatif pour l'intégration dans un modèle mental, d'informations en provenance du champ perceptif.
- Le modèle mental en cours de construction constitue aussi un contexte interprétatif pour l'intégration de nouvelles informations.
- Capacité limitée : la construction d'un modèle est limitée par la capacité de la mémoire de travail.
Exemple : où se situe z par rapport à a ?
Modèle 1 : b est à droite de a; z est à droite de a.
Modèle 2 : b est au dessus de a; c est à droite de b; d est au dessus de c; e est à gauche de d; f est à droite de e; g est à droite de f; h est en dessous de g; i est en dessous de h; z est à droite de i.
Répondre à la question est facile pour le modèle 1, très difficile pour le modèle 2 si on ne fait pas un schéma sur papier, et ce, en raison de la capacité limité de la mémoire de travail. - Principe de cohérence : si de nouvelles informations à intégrer rendent le modèle incohérent, le système de débrouille pour rendre le modèle cohérent (par exemple en refusant l'intégration de la nouvelle information, en créant un second modèle...)
Exemple : La princesse est sur son cheval. La princesse est dans sa chambre. On préfère créer deux modèles distincts plutôt que d'imaginer la princesse faisant du cheval dans sa chambre. - Principe d'économie : si les informations le permettent (respect du principe de cohérence) on crée le moins de modèles possible simultanément. Lorsqu'une information nouvelle le permet, on préfère fusionner deux modèles coexistants en un seul plutôt que de conserver les deux.
Exemple : "La princesse est sur son cheval. La princesse est dans sa chambre". On crée alors deux modèles distincts. "Le cheval à bascule est son jeu préféré". Cette nouvelle information permet (moyennant une légère modification concernant l'âge de la princesse et le type de cheval), de fusionner les deux modèles présents en un seul plutôt que d'en créer un troisième.
Bibliographie
Johnson-Laird, PN (1983). Mental Models: Towards a Cognitive Science of Language, Inference, and Consciousness. Cambridge University Press.
Johnson-Laird, PN (2000). http://www.tcd.ie/Psychology/other/Ruth_Byrne/mental_models/index.html
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